Harchinomak

Cap nord

Déjà 6 mois que je me promène. Du Gabo de Gata jusqu'à cap-nord, s'achève ici la seconde grande diagonale de mon voyage. Et comble de l'ironie, c'est à bord d'une grosse voiture blanche que je franchirai ce cap de la mi parcours. Mais on ne franchi pas le cap nord! c'est là toute sa métaphysique. C'est un lieu qui vous domine en vous faisant dominer l'horizon. C'est un lieu de sauvegarde de l'ailleurs, qui protège les rêveries des voyageurs. Il vous montre jusqu'où vous n'irez pas, et d'un bourrasque compatissante, appliquée comme une petite frappe dans le dos, vous pousse sur le chemin du retour.

Du renfort pour l'ambassadeur

Parachutée par avion à Rovaniemi, ma petite soeur Romane, me fait l'honneur de sa compagnie de bachelière toute fraiche, pour entrer au pays des Rennes. Nous franchissons solennellement le cercle polaire arctique , marqué par une ligne blanche à l'entrée d'un prétendu « village du père Noël ». Et toute les théories scientifiques qui y sont exposés sur la magie de Noël, n'expliquent cependant pas pourquoi, içi, les jouets sont à vendre. A croire que le barbu distribue partout dans le monde des échantillons gratos, pour que l'on vienne ensuite lui acheter des trucs dans sa boutique. En voilà un qui n'a pas perdu le nord!
Les autochtones ne tardent pas non plus à montrer le bout de leur nez, à chaque virage, des rennes, visiblement en état d'ébriété, cahotent dangereusement sur la route, de quoi apporter un éclairage nouveau à l'histoire de 'Rudolf le petit renne au nez rouge'.

Ma soeur

Aah! ma soeur... et sa participation spontanée à l'équilibre du monde, sa quête d'harmonie dans les gestes les plus quotidiens, récusant la trivialité de la vie jusque dans l'étendage de ses sous vêtements; Sa négation de l'entropisme indiscutable du réel, au sein duquel mon organisation spacial trouve sa place. Ma soeur qui, en revanche ne trouvera aucune discordance à accompagner un steak de baleine finement cuisiné, d'un ignominieux "fanta".

Le Gastronomak

Ce fut malheureusement notre seule rencontre avec l'animal, malgré deux jours d'attente au pied d'un magnifique phare, à la pointe des îles Vesperalen. Cependant, la faune et la flore locale nous ravirent bien au delà du cercle de nos assiettes, dans des contextes parfois innatendus: leming suicidaires nageant au milieu d'une rivière, renards attablés autour d'un rennes, victime de son ivresse sur la route...Et n'oublions pas -bien sur- cette "diversité gloutonne" de petite baies, qui firent la joie du "grignoteurs-cueilleurs" que je suis, face au scepticisme anxieux de mon accompagnatrice, craignant de me voir finir à la "into the wild".

Un peu d'histoires

Somme nous, au bout, ou bien à l'origine du monde. Nous explorons les forêts reculées du parc Lemenjoki. Nous nous enorgueillissons des progès graphique étonnant du viking préhistorique, depuis la patte de mouette, jusqu'à la patte de mouche. Nous arpentons « A »: petit village de pêcheur si reculé et insignifiant au regard du hérissement de roche qui le surplombe, que même son nom a du se faire petit; nous plongeons nos corps crispés dans les eaux arctiques; Nous immergeons nos sens dans le récit musical des contes nordiques d'Odin et de l'Yggdrazil; puis nous gagnons le royaume des nains, 450m sous terre, pour la visite d'une mines d'aciers si gigantesques, que la ville minière de Kiruna , suspendue à sa surface, est condamnée à l'engloutissement.