La presse en parle
Fête de retour
Voyage épilogue
14/03-Montigny
11/03-Chatillon s/ S.
04/03-Antwerpen
27/02-Groninguen
20/02-Berlin
13/02-Prague
06/02-Linz
29/01-Ljubljana
22/01-Senj
15/01-Tivat
08/01-Gjirokaster
01/01-Karpenisi
18/12-Nafpaktos
11/12-Kotronas
04/11-Athenes
27/11-Litochoro
20/11-Nea Peramos
13/11-Istanbul
06/11-Edirne
30/10-Anton
23/10-Bucarest
16/10-Balea Cascada
09/10-Budapest
02/10-Banska B.
25/09-Cracovie
18/09-Vilnius
11/09-Riga
04/09-Tallin
28/08-St Petersbourg
07/08/11-Cap Nord
24/07/11-Helsinki
17/07/11-Vasaa
10/07/11-Mo I Rana
03/07/11-Trondheim
26/06/11-Oslo
19/06/11-Orebro
12/06/11-Norrköping
05/06/11-Lund
30/05/11-Hambourg
22/05/11-Francfort
16/05/11-Augsburg
09/05/11-Tubingen
02/05/11-Zurick
25/04/11-Les Saisies
17/04/11-Montpellier
10/04/11-Andorra
03/04/11-Valencia
27/03/11-San Juan...
20/03/11-Seville
13/03/11-Merida
06/03/11-Covarrubias
27/02/11-Plein selve
De la haute vallée d'Andorre où j'avais dressé mon campement, je monte à l'assaut des cols Pyrénéens. Bientôt, je pourrai planter mon regard victorieux comme un drapeau, au centre de l'horizon. Je redouble d'effort, électrisé à la vue d'une France qui déjà se rend et agite son panache de nuages blanc àl'arrière des crêtes.
Fourberie! à mon arrivée sur le champ de bataille, la traitresse a battu en retraite au creux d'un épais brouillard. A l'instar de Napoléon, voyant rouge et n'écoutant que mon instinct,je néglige la chute des températures qui augure de ma déchéance et me lance à l'aveugle dans une poursuite effrénée, fondant dans la pente escarpée comme une aigle sur sa proie. Mais l'ennemie s'érige soudain en embuscade, il n'y aura pas de parade victorieuse sur les champs. Quatre nouveaux cols s'attroupent face à moi, achevant de disperser le reste de mes forces et ruinant mes espoirs de conquête facile.
Alors que je m'arrête pour reprendre quelques forces bien méritées, une inflation d'au moins 30% s'applique sur mon panier, en réminiscence d'une politique de la terre brûlée.
Je retrouve la France dans les limbes qui me prennent au piège de leur géographie fictive et de leurs vérités relatives. Je voyage toujours, mais en rêves, à travers les chants épiques du ménestrel « Balthazar ». Je me matérialise dans la brume qui s'élève à l'aurore sur le canal du midi; puis longe un filet de terre entre deux eaux: l'étang de Bages et de l'Ayrolles; je me dilue dans les nuances en « mouillées sur mouillées » de la Camargue; m'arrête et plonge à corps perdu dans la lumière vacillante d'une forêt de roseaux. Je m'aperçois que l'impressionnisme n'aurait pas pu naître ailleurs que dans ce pays où un infini de gouttelettes vaporeuses exerce son rôle de diffuseur universelle, tant sur la toile des peintres que dans l'atmosphère.
J'avance peu, mais parcours des géographies affectives, prend le temps de voir la famille et les amis. Ils me restituent sous une autre forme l'exaltation des sommets, l'apaisement des flans ensoleillés et la fraicheur des fonds de vallées.
Au pied de ces montagnes, règne la tectonique des ages. Cette vérité inaltérable qui nous est enseignée en « Science de la Vie et de la Terre » , et qui conduit certains hommes à s'enfoncer sous la terre tandis qu'une nouvelle génération jailli du feu bouillonnant de ses entrailles. J'ai quitté Paris alors que se déchainait une pandémie de naissance dans le cercle de mes amis, mais ici, à l'autre bout de la plaque, dans les stations thermales Pyrénéennes, règne le souffle tranquille de l'éternité. Ces gens doivent s'habituer à l'Idée étrange. Malgré qu'ils se sentent encore en bonne santé, descendent chercher le pain en trottinant dans les escaliers, mangent avec appétit, conversent avec entrain, s'intéressent au monde et prennent plaisir à vivre, ils se préparent à l'échéance à laquelle les rattachent un chiffre abstrait. Se sentir en sursit même quand tout va bien, avec les rappels incessants: Mme untel qui nous raconte ses rhumatismes, un appartement qui se libère dans l'immeuble d'à côté, un ami qui emporte quelques souvenirs avec lui, un homme au teint jaune qui s'effondre sur la place du marché... Penser à la restauration du caveau familiale et devoir se préoccuper de serrer la main de celui qui tiendra la pelle. Mener une vie saine et sereine, n'être pressé ni angoissé de rien, mais se dire que ca ne serait pas plus mal, quand même, d'être le premier à casser sa pipe, pour ne pas rester seul.