Voyage

Du Grotesque à la Renaissance

L'unique aperçu qui me sera donnés des dramatiques grottes de Maravillas sera sur les illustrations des faïences des bancs de la villes. Mais en contrepartie, je découvrirai les carrière vertigineuse de marbre de Vila Vicosa. Au tonnerre mécanique des machines qui torturent la pierre, la ville répond par ses imperturbables alignement de marbre propre aux utopies architecturales de la renaissance. Aux tournoiements des éoliennes du nord de l'Espagne répondent les scintillements des panneaux solaires que cultive le sud. Et que penser de ces deux colonnes d'Hercule qui dardent leurs rayons éblouissant aux portes de Seville. Je découvrirai également la poétique sordide des mines désaffectées du Rio Tinto qui vous plonge dans un ersatz de vallée de la mort. Le crâne cogne, c'est un soleil de mars... la planète, s'entend.

Méditation

Tandis qu'a Séville, le labyrinthe végétale de l'Alcazar élève ses frondaisons à la lisière du regard, erre à sa surface une foule disparate d'arbres égarés qui restent là où ils vont. D'aucuns trouveraient normal d'avoir à se rendre là où ils vont -craignant qu'un labyrinthe les conduisent à la perdition- tandis que rares sont ceux qui comme ces arbres, perpétuent l'art majestueux de savoir se perdre-sachant que c'est la perdition qui bâtit son labyrinthe et que chacun d'eux nous enrichi de son mystère. Un art qui réside dans l'instinct qui nous pousse à sonder la mauvaise directions plutôt que celle que l'on pré-sent comme étant la bonne, afin d'échapper à une échéance attendue et sans surprise. Qu'importe donc que l'on parte de là ou l'on va tant que l'on réussi à s'y perdre. Un tour d'Europe c'est trouver le chemin de chez soi depuis le seuil de sa propre maison. Se perdre, c'est l'essence même du voyage, c'est laisser le rêve prendre la pas sur la réalité, avec ses tours, ses détours, ses ellipses spatiales et ses distorsions temporelles. Séville fait parti des ces villes de perdition dont les entrelacs s'imbriquent les uns dans les autres comme autant d'allégories du mystère et du voyage,que l'on retrouvent dans ses ruelles enchevêtrées, dans le clapotis de la fontaine qui nous guide à travers des passages obscures vers des atriums verts et lumineux, dans le stuc des arabesques qui parent les murs avec tant de finesse que l'on peut y suivre la marche du soleil ou dans les regards croisés de femmes des tableaux de Gonzalo Bilbao.

Portrait

Jeroen le téméraire

Flânez en villes pendant des heures, le nez au vent, et vous ne rencontrerez sans doute personne d'intéressant. Mais installez vous maintenant dans un quartier tranquille avec un carnet de croquis sur les genoux et vous pouvez être certain qu'il vous arrivera quelqu'un sous peu. Il m'aura ainsi suffit de dessiner un vendeur de marrons ambulant sur la plaza Mayor d'Evora pour que ces derniers se matérialisent dans mon estomac par le truchement de deux anglaises cherchant ainsi à m'amadouer pour parler peinture. Il m'aura également suffit de dessiner une veille machine infernale dans les mines désaffectées de Rio Tinto pour qu'un ancien technicien nostalgique vienne m'apporter le témoinage de son expérience. Et c'est encore ainsi que, dans les jardins de Murillo à Séville, j'ai pu faire la rencontre d'un acolyte hollandais faisant le trajet d'Amsterdam jusqu'au Mali à vélo. Jeroen est cycliste sponsorisé, historien de formation, journaliste à ses heures perdues, et guide touristique souhaitant se mettre à son compte en préparant pour cela un nouveau tour entre l'Espagne et le Maroc. Je trouve grâce à lui l'entrée secrète d'un hostel dissimulé dans les venelles du centre villes. Une porte dérobée, la montée d'un escalier par un conduit obscure aux murs couverts de céramiques, pour déboucher à la terrasse d'un patio couvert, à l'aplomb d'une boutique. là se niche l'accueil de l'hostel au milieu de la verdures, des odeurs d'encens et d'un air de flamenco. Pour attendre ma petite cellule jaune et ocre sous la toiture, il me faudra encore me faufiler par plusieurs vestibules, couloirs et escaliers tortueux aux murs couverts de miroirs et de bibelots en tous genres. Le soir, nous faisons la tournée de quelques bars à Tapas que Gérome doit tester dans les confins de la ville. Lui aussi à prévu de passer une journée de plus ici avant de partir pour Cordoue et Grenade. Qu'a cela ne tienne, nous ferons ce bout de route ensemble.

Le GastronomaK

Sans elles la terre ne serait pas ronde

Comprenez bien que ma condition actuelle de sportif, combinée à mon appétit naturel et aux limites de mon budget imposerait plutôt d'appeler cette rubrique le Goinfronomak. L'infime aperçut qui m'a été donné de la cuisine Portugaise avec cette étrange association de palourdes et de viande de porc n'aurait pas été une révélation pour moi si elle n'avait pas été aussi chaleureuse. En revanche j'ai découvert le délice de ces oranges cueillies au bord de la route, qui ont dévoilé en mon système nasalo-gustatif quelques papilles encore inconnues. Quels conquistadors ces portugais!

Paysages et silence